Wednesday, September 13, 2006

144. MONTREAL FILM FESTIVAL SCREENS HOME BY GREEK-TURKISH FILMMAKER PHYLLIS KATRAPANI

144. MONTREAL FILM FESTIVAL SCREENS HOME BY GREEK-TURKISH FILMMAKER PHYLLIS KATRAPANI
Home Panorama Canada /2002 / 35 mm / Colour / 70 minDirected and Written by : Phyllis Katrapani; Cinematography by:Michel Lamothe, Phyllis Katrapani
Edited by : Louise Dugal; Cast : François Papineau, Jacinthe Laguë, Atanas Katrapani
Mixing fiction and documentary, this film offers a poetic and philosophical reflection on the notion of "hme" in our imagination. What exactly is a "home", that unspoiled paradise, that land of eternal childhood, that land of a bygone time? How can we find the "home" that belongs only to "us"? Fictional documentary, documented fiction, real or imagined country -- various characters journey back into memory and encounter one another through words. Faces of six men and six women who recount their personal stories to the camera, individual voices telling a unique, scarcely invented story, describing a single country, with a single name, but with widely different meanings.
Phyllis Katrapani
Born in Montreal in 1967 to a Turkish mother and a Greek father, Phyllis Katrapani graduated from the University du Québec à Montréal with a B.A. in communications and studied at FAMU, the Prague film school, where she directed her first film, Zatisi (Still Life), in 1992. Three years later she founded her own production company Ile blanche and produced and directed Ithaka (1997), which was shown at several international festivals. HOME is her first feature.
Ithaque / Ithaka
Phyllis Katrapani, Québec 1997 35mn en français
Ithaque, an allegory on the voyage inspired by the poem Ithaque de Constantin Cavafie (Alexandria 1863. Athens 1933). This poem, known as in voice off, evokes the return d.Ulysse towards its native island and conveys l.idée in the voyage, this n.est not so much the destination which imports, but the voyage itself and this qu.il offers like experiment. The poet invites Ulysses to delay the return. A man makes the long voyage by train. In the pane of its compartment, the landscapes ravel like different moment from its life, without chronology. Dream and reality merge, the voyage d.Ulysse and its own physical and interior voyage. In counterpoint, the inexorable movement towards l.avant and the certainty which each day qu.il cross-piece will n.aura more place.

Ithaque, une allégorie sur le voyage inspirée du poème Ithaque de Constantin Cavafie (Alexandrie 1863 - Athènes 1933). Ce poème, dit en voix off, évoque le retour d'Ulysse vers son île natale et véhicule l'idée dans le voyage, ce n'est pas tant la destination qui importe, mais le voyage lui-même et ce qu'il offre comme expérience. Le poète invite Ulysse à retarder le retour.
Un homme fait le long voyage en train. Dans la vitre de son compartiment, les paysages défilent ainsi que différents moment de sa vie, sans chronologie. Rêve et réalité se confondent, le voyage d'Ulysse et son propre voyage physique et intérieur. En contrepoint, le mouvement inexorable vers l'avant et la certitude que chaque jour qu'il traverse n'aura plus lieu.

Entretien avec Phyllis Katrapani
ITHAQUE
par Julien Belleteste
C'est en 1994 que Phyllis Katrapani, forte d'un premier court métrage de 7 minutes réalisé à Prague dans le cadre d'un stage à l'école de cinéma FAMU, décide de mettre en oeuvre Ithaque, un moyen-métrage en noir et blanc d'une très grande sensibilité inspiré d'un poème grec du début du siècle. Bachelière en communication à l'UQAM (profil cinéma) c'était avant tout la direction photo qui l'intéressait jusqu'au jour où...
Julien Belleteste: Pourquoi Ithaque et qu'est-ce que c'est ?
Phyllis Katrapani: A l'origine, Ithaque c'est l'île natale d'Ulysse, île qu'il a mis 15 années à rejoindre après la guerre de Troie, faisant face à toute une série d'obstacles. J'avais en tête un film où un personnage fait une action continue, soit marche ou soit se rende d'un point A à Z et, durant ce voyage, différentes images de sa vie referaient surface, comme le voyage intérieur de quelqu'un qui se retourne sur sa vie. Aussi, mon père m'avait recopié le poème Ithaque de Constantin Cavafy, poète grec né à Alexandrie en Égypte. Ce poème a été écrit en 1911 et évoque le retour d'Ulysse sur son île natale et le poème est à la deuxième personne du singulier sur un ton assez impératif. Il dit à Ulysse et sous-entendu à chacun de nous, que lorsqu'on repart pour Ithaque, de souhaiter que la route soit longue et de profiter au maximum des différentes expériences et des choses qui se présentent à nous. Et, les démons et les monstres que l'on rencontrera sur notre passage, on les verra seulement si on les porte en nous, thème universel. C'est un poème que mon père aime beaucoup et qu'il m'avait fait partager. Alors je me suis inspiré de ce poème pour faire le film. J'ai choisi le train, car il implique une progression ; la fenêtre du train permettant de faire une association avec les images qui défilent. Au début le film devait être muet, le poème étant une inspiration pour moi. Plus tard, puisque le projet s'est échelonné sur plusieurs années, j'ai décidé de mettre le poème en trame sonore pour accompagner ce personnage dans son voyage physique et intérieur.
J.B.: Comment ton père est venu s'intégrer dans le projet ?
P.K.: Au début, je lui parlais beaucoup de cette idée de film et c'est un peu avec lui qu'on a décidé que le personnage principal soit dans un train plutôt que d'être en train de marcher. Pourtant, je ne savais pas que cela allait être lui (mon père) qui jouerait dans le film, mais peu à peu cela c'est... peut-être parce que le poème je le connaissais par lui... cela s'est imposé tout seul. Et puis je savais qu'il aimait jouer, il faisait des tragédies grecques à Loyola (Université Concordia), il était dans une troupe de théâtre pendant qu'il étudiait. Il aimait le jeu et aussi l'idée de faire le voyage en train ; on a traversé l'Europe, nous nous sommes rendus à Athènes ensemble et on a tourné juste nous deux, avec une Bolex et un trépied. Cela nous a beaucoup rapproché. Même si à l'époque l'idée de l'utiliser comme personnage central ne m'avait pas effleurée l'esprit, c'est devenu comme évident, sa physionomie étant très classique, presque grec ancien.
J.B.: Quand-est-ce que tu as commencé le tournage de ce film ?
P.K.: Les premières images ont été faites vers le début 1994.
J.B.: Ton financement ?
P.K.: Une bourse Exploration au CAC ensuite l'aide ACIC de l'ONF, ensuite une bourse en production au CAC et enfin le CALQ et la SODEC.
J.B.: Est-ce que ce film ressemble à ce que tu veux faire en cinéma et sais-tu à quoi ressemblera ton prochain projet ?
P.K.: J'ai déjà en tête un projet qui est à un état embryonnaire qui ressemblera au film précédent (Ithaque), car c'est définitivement ce langage que je pense développer, c'est à dire un cinéma peu narratif par les mots. Même si ici il y a le poème de Cavafy, on l'associe vraiment avec le personnage, à la limite cela pourrait être dans sa tête quand il est dans le train, mais ce n'est pas un poème qui illustre ce qui se passe dans le film, c'est à un autre niveau et c'est cet aspect là du cinéma qui m'intéresse. C'est de vraiment réussir à raconter des choses par des images, des associations d'images, tout ce langage poétique... je ne suis pas très intéressée par la parole, par la littérature au cinéma. Je trouve que l'on a assez de littérature pour ne pas être obligé d'illustrer toujours des livres ou bien de supporter par des images des choses très narratives, très claires... j'aime bien quand le spectateur est un peu plus actif quand lui peut faire ses associations, ses liens et quand l'expérience est plutôt émotive, sensuelle plutôt que cérébrale. Qu'on se demande pourquoi il (le personnage) fait ça, est-ce que c'est vraiment ça qu'il vit, est-ce que c'est dans sa tête, est-ce-qu'il a déjà vécu ça ? A la limite ce n'est pas important.
J.B.: Donc, tu as plus une démarche artistique que narrative ?
P.K.: Ce film a pris du temps à faire et j'avais une liberté totale, c'est moi qui ai tourné les images pour la plupart, et qui ai monté le film et cela a aussi pris du temps car il fallait que je travaille afin de pouvoir réussir à vivre, ce qui repoussait mon travail sur le film. Je trouvais que mon travail, pour ce film, ressemblait beaucoup plus aux arts plastiques qu'au cinéma comme tel... beaucoup de solitude face au médium, toujours en train de retrancher, rajouter, avec le temps que cela nécessite, cela ne s'est pas fait dans des conditions nécessairement rapide avec une structure clairement établie. D'ailleurs cela m'a pris beaucoup de temps de trouver la structure parce que je luttais les premiers mois de montage. Pour moi, il était clair que le tronc (du scénario), c'était l'homme qui voyage en train et les branches étaient les images inspirées de sa vie, du poème et de l'Odyssée (d'Homère)... il y a quelques allusions à l'Odyssée, comme les cochons...
J.B.: Est-ce que ce film est une de tes premières expériences artistiques, ou as-tu touché à d'autres domaines comme les arts plastiques ainsi que tu l'évoquais plus tôt ?
P.K.: Je n'ai pas touché à d'autres domaines dans les arts à part la photo qui est étroitement liée ; tu tournes les images du film et forcément les tics du photographe ressortent, cette façon de s'arrêter sur les choses, de les laisser bouger dans le cadre plutôt que d'être en train de bouger et de chercher ailleurs ce que l'on a devant soi. Cette façon de regarder vient de la photo, j'ai toujours été attirée par l'image, image qui pourrait raconter des choses sans avoir besoin de légende.
J.B.: Je suppose que c'est un goût qui se retrouve dans tes goûts personnels au cinéma ?
P.K.: Je suis attirée par les films où l'image est presque un personnage et je trouve que ce langage n'est pas assez exploité. Il y a des très bon cinéastes qui développent cette idée et c'est le genre de cinéastes dont j'aime le travail et qui malheureusement sont trop rares. Par contre, je peux aussi aimer les choses tout à l'inverse de ce que j'ai envie de faire, les films très verbomoteurs, du très très bon dialogue, mais je vais quand même avoir tendance à aimer les films très intimistes, les environnements à huis clos, je ne suis pas du genre à aimer les grandes épopées, j'aime les choses beaucoup plus contemplatives comme les premiers films d'Antonioni et les films d'Angelopoulos.
J.B.: Quelle a été l'implication de MAIN FILM dans ce projet ?
P.K.: Au départ je pensais utiliser l'équipement de MF et puis finalement je suis partie avec mon équipement et c'est surtout au niveau des dernières étapes que MF a été impliqué et particulièrement au niveau du montage sonore. Je n'avais pas de son synchro à part une scène qui avait été tournée avec une autre caméra (scène que je n'ai même pas utilisée). Esther Auger allait faire le montage sonore et elle n'était plus tellement intéressée à monter sur une Steenbeck, et j'étais au courant du nouvel équipement de montage sonore numérique de MF. On y a donc travaillé pendant 5 semaines au début de l'année, et l'équipement m'a permis d'essayer beaucoup de combinaisons et d'être en mesure de les entendre instantanément.
J.B.: Comment as-tu intégré le poème sur lequel tu t'es basée, est-ce ton père qui fait la narration dans le film ?
P.K.: Au début je n'étais pas sûre d'utiliser le poème en grec et sous-titrer le film, ou bien enregistrer la voix qui dit la traduction en français et éventuellement en anglais. Au moment de l'enregistrement on a fait les trois versions (grec, anglais et français) et suite au premier montage, j'ai décidé que c'était mieux d'avoir le texte en grec. Il n'y avait que le texte en grec sans sous-titre et les quelques personnes qui ont vu le film ont dit que même si elles ne comprenaient pas ce que le texte disait, la sonorité, la voix étaient très musicales et le fait que cela soit une langue que l'on connaît moins allait aussi avec les images. Mais moi c'était plus parce que j'avais envie de garder le texte original, la traduction ne rendant pas toujours le résultat escompté. Et finalement c'est ça, mon père a fait la narration en grec et j'ai fait sous-titré le film en français et en anglais. Le poème n'est pas très long, a peu près six paragraphes et il est presque dit en entier au début du film et ensuite certains passages sont repris. Je suis finalement très contente de ce choix, surtout avec la musique, les deux se mariant très bien.
J.B.: Pourra-t-on voir ton film bientôt ?
P.K.: Pour l'instant on n'a rien décidé quant à une sortie, une chose est sûre c'est que le film sera vu la première fois au Festival des films du monde. J'ai aussi envoyé le film en Grèce dans un festival de courts métrages à Drama près de Salonique qui a lieu fin septembre, j'aimerais beaucoup que le film soit montré en Grèce. Je l'envoie aussi à Mannhein en Allemagne, éventuellement faire une petite sortie ici à Montréal pendant quelque jours, probablement à l'automne, et le proposer à la télévision. C'est dur de savoir quelle réception il va avoir.
J.B.: Ton prochain projet ?
P.K.: Je voudrais commencer à écrire quelque chose dans les semaines qui suivent, j'aimerais faire quelque chose de court, vraiment court. Pas un court de 35 minutes, mais un court de 10 minutes. Je ne suis pas encore sûre, ce n'est même pas une idée
mais plus un sentiment, je sais ce que j'ai envie d'illustrer, maintenant...

(posted September 01,2002)

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